Un dimanche midi, au troisième étage du mois d’avril.
Pierre, le foie chargé, déambulait dans un long kimono de soie bleue. Dans les enceintes du salon il reconnut le swing gitan de Sansévérino : « A-vant j'avais une belle peau, j'étais mince et fier comme un pied d'micro ! »
La gouaille du chanteur, sa petite guitare en bras de chemise, ravigotent opportunément son poil bourru et son humeur blafarde. En pantoufles à rayures, volontiers sensuel et cabot, il fait tournoyer le cordon dénoué de sa robe de chambre, taquine le chat roux au milieu des meubles suédois. À petits pas, le voici qui chaloupe en direction de la salle de bain, reprenant de sa voix de fausset le très saccadé « comment devenir fin sans devenir fou ?! »
Vroop ! D'un geste ample et théâtral, Pierre laissa tomber à ses pieds le joli peignoir décomplexé. La cheville alerte il passa, royal et coquin, devant le grand miroir installé au-dessus du lavabo…
- J'ai entendu un cri et puis… plus rien ! rapportera une voisine de palier.
(Nicolas Bleusher)